La note de conjoncture économique de PRO BTP FINANCE - Décembre 2016
À l’image de l’ensemble de l’année 2016, le mois de décembre s’est révélé riche en évènements macroéconomiques, politiques et malheureusement une fois encore géopolitiques. Cependant, à l’inverse de la fin 2015, les marchés financiers ont connu un fort rebond sur ce dernier mois de l’année, sauvant ainsi in extremis une année boursière particulièrement compliquée et globalement peu satisfaisante.
Sur le front économique, l’année 2016 a été dominée par les politiques monétaires des Banques Centrales, la Réserve Fédérale Américaine ayant finalement, après moult tergiversations, confirmé son processus de remontée des taux avec un relèvement de 25 points lors de la réunion de décembre, mais surtout ajouté d’une étape supplémentaire de remontée pour 2017, trois nouveaux relèvements étant désormais anticipés contre deux prévus précédemment. A l’inverse, la Banque Centrale Européenne a dès le premier trimestre de l’année complété et amplifié son arsenal de mesures non conventionnelles de soutien à l’économie, avec notamment l’extension de son programme de rachat de dettes aux obligations du secteur privé.
Sur l’ensemble de l’année 2016, l’économie mondiale affiche néanmoins un taux de croissance satisfaisant, comparable à celui de l’année précédente, autour du niveau de 3 %.
CONTEXTE ÉCONOMIQUE
- Europe
En Europe, les choses demeurent compliquées tant sur le plan économique que politique. En dépit d’une amélioration des indicateurs avancés de l’économie européenne, qui pourraient se traduire par une croissance du PIB proche de 0.45 % au dernier trimestre (soit +1.9 % en rythme annualisé), la production industrielle a connu un 4ème trimestre plutôt terne et l’inflation peine à rejoindre le seuil des 1% qui constituait l’objectif de la BCE pour la fin 2016. Mais c’est une fois encore du côté politique que sont venues les principales difficultés de l’Europe en 2016, avec en premier lieu la décision du Royaume Uni de quitter l’Union Européenne, l’activation de l’article 50 initiant le processus de sortie étant prévue au premier trimestre 2017. Ce saut dans l’inconnu des britanniques a pris à revers l’ensemble de la planète financière, qui la veille encore du vote anticipait un cuisant rejet du Brexit. En cette fin 2016, l’incertitude sur l’impact négatif pour l’économie britannique de cette sortie de l’Europe reste forte, le premier impact constaté étant une nette dépréciation de la livre Sterling. En décembre, c’est cette fois sans surprise que les italiens ont massivement rejeté le projet de réforme constitutionnelle auquel Matteo Renzi avait conditionné son maintien à la tête du gouvernement. La démission de ce dernier ne s’est toutefois pas traduite par un renforcement des partis populistes, le nouveau gouvernement en fonction étant largement similaire au précédent.
- États-Unis
Aux États Unis, les données économiques publiées tout au long de l’année ont confirmé le scénario d’une croissance soutenue de l’activité, avec notamment une situation du marché de l’emploi proche du niveau jugé optimal par la Banque Centrale, le taux de chômage s’établissant fin décembre à 4.6 %, niveau inédit depuis août 2007. Le marché immobilier tout comme la consommation des ménages s’inscrivent également dans une dynamique positive, la dynamique des principaux moteurs de l’économie américaine se traduisant dans la progression continue des indicateurs avancés ISM qui terminent l’année sur leurs meilleures niveaux (57.2 pour l’indicateur relatif au secteur manufacturier et 53.2 pour les services). Par ailleurs, l’inflation a poursuivi son avancée et se rapproche désormais de l’objectif de 2 % de la Réserve Fédérale, justifiant le passage à une politique monétaire moins accommodante. Enfin, depuis le mois de novembre, la désignation de Donald Trump comme successeur de Barrack Obama, qui dans un premier temps a été vécue comme un choc moral (tout particulièrement aux Etats Unis), est désormais considérée comme un facteur d’accélération de la croissance, son programme étant notamment axé sur d’importants investissements en infrastructures et une baisse de la fiscalité des ménages visant à redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs américains.
- Asie
Enfin du côté de l’Orient, le Japon continue à pâtir d’une économie atone malgré le maintien d’une politique monétaire ultra accommodante de la Banque du Japon et les plans successifs de relance du gouvernement Abe. En revanche, l’économie chinoise, au centre des préoccupations des stratégistes de marché début 2016, semble stabilisée sur un rythme de croissance entre 6.5 % et 7 %, la reprise étant tirée par le crédit. En effet, malgré un discours prônant l’accélération des réformes structurelles, le gouvernement chinois, inquiet du repli de la croissance depuis plusieurs trimestres, a dès le début de l’année lancé un nouveau programme de relance par le crédit, provoquant en corollaire une surchauffe du marché immobilier. En cette fin 2016, les nouvelles priorités du gouvernement sont plus le désendettement que la croissance, de ce fait les conditions de liquidités interbancaires sont devenues bien plus restrictives, suscitant la nervosité du marché obligataire et provoquant de nouvelles inquiétudes pour l’année 2017.
MARCHÉS D'ACTIONS
- Évolution
L’année boursière 2016 aura été particulièrement éprouvante et riche en surprises. En plus d’un contexte macroéconomique compliqué, les marchés financiers auront dû composer avec des bouleversements politiques faisant suite à des décisions hasardeuses des gouvernements en place et des choix parfois inattendus de leurs électeurs, mais aussi avec une recrudescence des attentats terroristes un peu partout dans le monde et notamment en Allemagne et en France, cette dernière déjà durement frappée l’année précédente.
Les matières premières, en particulier le pétrole, auront cette année joué un rôle majeur dans l’évolution des marchés d’actions. Après un début d’année catastrophique, qui a vu le prix du pétrole toucher un plus bas de plus de dix ans fin janvier (28$ le baril), les cours de l’or noir se sont progressivement repris sous le double effet d’une amélioration des perspectives de croissance mondiale et d’un accord de réduction de production signé fin novembre par les membres de l’Opep au terme des plusieurs mois de discussions. Le baril termine ainsi l’année proche de 57$ le baril.
Sur les marchés européens, ce cocktail permanent de mauvaises et bonnes surprises de tout ordre s’est traduit par une grande nervosité sur les places boursières, les phases de baisse et de hausse se succédant avec des variations de grande amplitude concentrées parfois sur une période très courte. Ainsi, l’indice Stoxx50 des principales valeurs européennes a débuté l’année en forte baisse dans le sillage de la chute du pétrole, le recul atteignant 17 % mi-février. Jusqu’au 23 juin, grâce au soutien des banques centrales, l’indice a pu regagner une grande partie du terrain perdu (13 % de hausse sur la période), pour rechuter lourdement de 9 % en trois jours au lendemain du vote britannique. S’en est suivi une nouvelle phase de rebond grâce à l’amélioration du contexte macroéconomique, les actions européennes se rapprochant début septembre de leur niveau de la fin 2015. Cependant, une fois encore le mouvement s’est inversé à l’approche des élections américaines tandis que la probabilité d’une désignation de Donald Trump prenait corps. Pourtant, l’annonce du choix du nouveau président des Etats Unis le 9 novembre aura constitué la plus grosse surprise de l’année 2016 : alors que la quasi-totalité des intervenants s’attendaient à une véritable débâcle dès l’ouverture des marchés européens, la baisse des indices n’a durée guère plus d’une heure, le programme économique de Donald Trump étant finalement jugé positif pour la relance de l’économie mondiale ! Sur la fin de l’année, cette hausse inespérée d’un peu plus de 10 % permet aux valeurs européennes de limiter les dégâts, l’indice Stoxx50 terminant l’année 2016 en recul de 2.89 % pour l’indice brut, ce qui correspond à une hausse de 0.65 % pour l’indice incluant les dividendes.
Sur le plan sectoriel, la disparité des performances est cette année spectaculaire. Les grands gagnants de la remontée du pétrole et des taux d’intérêt sont sans surprise les secteurs cycliques : mines et métaux (+62 % après -35 % en 2015 !), valeurs pétrolières (+23 %), construction et valeurs industrielles (+9 %). Plus de la moitié des 17 secteurs répertoriés de l’indice européen sont toutefois en performance négative, en particulier trois secteurs affichent des baisses de 10% et plus: télécommunication (-16 %), transport-loisir (-11 %) et valeurs pharmaceutiques (-10 %). Les valeurs bancaires terminent l’année sur un recul de 6.8 % en moyenne, le fort rebond de la fin de l’année ayant été soutenu par le début du processus de normalisation des taux après avoir atteint un plus bas niveau annuel à plus de 35 % de baisse « post Brexit » au début du mois de juillet.
-
Résultats des principales bourses mondiales au 30 décembre 2016
Sur 1 mois | Depuis le 31/12/2015 | |
Indice CAC40 | + 6.20 % | - 4.86 % |
Indice Stoxx 50 (Europe) | + 6.38 % | - 2.89 % |
Indice Dow Jones (en $) | + 3.34 % | + 13.42 % |
Indice Nikkei (en Yen) | + 4.40 % | - 0.42 % |
MARCHÉS OBLIGATAIRES
- Évolution
Sur les marchés obligataires, l’année 2016 se révèle tout aussi peu satisfaisante que la précédente, avec un taux sans risque qui s’enfonce de plus en plus en territoire négatif (-0.32 % pour le rendement de l’Eonia en 2016 contre -0.11 % en 2015) tandis que les échéances obligataires les plus longues offrent globalement des rendements inférieurs au dividende moyen des placements actions qui s’établit un peu au-dessus de 3 %.
Au grès des aléas économiques et politiques, les taux d’intérêts européens ont évolué une grande partie de l’année en territoire négatif. Partant du niveau de 0.63 % fin 2015, le taux à 10 ans européen a entamé dès le début janvier un fort mouvement de baisse, sous la pression de l’amplification du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE qui a porté à 80 milliards d’euros le montant de ses rachats mensuels de dette. Le 6 juillet, au plus fort de la crise déclenchée par le vote britannique de sortie de l’Union Européenne, le taux à 10 ans a atteint un nouveau plus bas de son histoire à -0.20 %. Il faudra attendre le lendemain des élections américaines pour voir un retour durable des taux européens en territoire positif, avec les effets conjugués du relèvement des taux de la Réserve Fédérale Américaine et du puissant rallye des marchés d’actions qui s’est notamment traduit par une vague conséquente de flux d’arbitrage des placements obligataires vers les placements actions. Au 30 décembre 2016, le taux à dix ans s’inscrit à 0.21 % contre 0.63 % fin 2015.
Compte tenu d’une relative stabilité sur l’ensemble de l’année des écarts de rendement des pays périphériques, les performances des indices obligataires sur l’année 2016 sont, comme l’année précédente, très modestes mais se comparent néanmoins favorablement à la performance de l’indice Stoxx50 des actions européennes. En effet, celui-ci ne progresse que de 0.65 % dividendes réinvestis, pénalisé notamment par le fort recul de la livre sterling alors que les valeurs britanniques représentent plus de 30 % de la composition de cet indice.
-
Résultats des principaux indices obligataires au 30 décembre 2016
Sur 1 mois | Depuis le 31/12/2015 | |
Indice BofA ML 1/3 ans | - 0.25 % | + 0.12 % (emprunts d’État) |
Indice BofA ML 3/5 ans | - 0.72 % | + 0.78 % (emprunts d’État) |
Indice BofA ML 5/7 ans | + 0.94 % | + 2.32 % (emprunts d’État) |
Indice Barclays 3/5 ans | + 0.45 % | + 3.55 % (secteur privé) |
EONIA | - 0.03 % | - 0.32 % (taux sans risque) |