Pouvoir d'achat : les conséquences de l'inflation sur votre budget
Hausse des prix de l’alimentation, de l’énergie et des matières premières… la période actuelle est rude pour le budget des ménages. Retour sur une année particulière et esquisses de solutions pour atténuer les effets de l’inflation.
« Annus horribilis » est l’expression utilisée par la reine Élisabeth II pour désigner l’année 1992.
On pourrait la reprendre pour qualifier 2022 sur le plan économique. Aux dernières nouvelles, les prix à la consommation ont augmenté de 0,5 % en août et de 5,9 % sur un an (1). Du jamais vu depuis les années 80. Les hausses touchent tous les secteurs et impactent fortement les ménages. Voici un aperçu des conséquences de l’inflation sur notre quotidien.
ALIMENTATION ET PRODUITS DE GRANDE CONSOMMATION
Leur coût a augmenté de 7,9 % sur un an. D’après l’institut IRI (2), l’inflation est très nette sur les premiers prix (+ 12,9 %) et concerne même les articles d’hygiène et d’entretien. Sur 300 familles de produits, 67 ont des progressions à deux chiffres. Dans le détail, c’est sur les viandes surgelées (+ 28 %), les pâtes alimentaires (+ 19 %) et les mouchoirs en papier (+ 18 %) que sont enregistrées les hausses les plus fortes. Ce sont les conséquences de l’envolée des cours des matières premières alimentaires ces derniers mois. Aux aléas climatiques (sécheresses, inondations) se sont ajoutées les incidences de la guerre en Ukraine. L’institut IRI ne table pas sur une accalmie avant le milieu de l’année prochaine.
ÉNERGIE
D’après l’INSEE (1), entre le deuxième trimestre 2021 et celui de 2022, le prix moyen du baril de pétrole est passé de 69 à 112 euros (+ 63 %), avec un pic à 123 euros au mois de juin. Quant au prix du gaz, il est passé de 25 euros/MWh à 97 euros/MW h (+ 290 %). Ces hausses ont un effet direct sur le pouvoir d’achat des ménages car les produits énergétiques représentent 8,9 % de leurs dépenses de consommation.
Elles ont aussi un effet indirect car les entreprises les répercutent sur leurs prix de vente. Toutefois, l’État a mis en place des mesures de « bouclier tarifaire » : gel des tarifs réglementés du gaz à leur niveau d’octobre 2021, plafonnement de l’augmentation des prix de l’électricité. Quant aux carburants vendus à la pompe, une remise de 15 centimes par litre a été appliquée du 1er avril au 31 août 2022. Elle est passée à 30 centimes depuis le 1er septembre et sera à nouveau minorée en automne. Néanmoins, avec une augmentation de 28 % du coût de l’énergie (pétrole, gaz et électricité cumulés) en un an, la facture est salée pour les ménages, surtout en matière de transport individuel et de chauffage des logements.
MATIÈRES PREMIÈRES
Métaux, bois, caoutchouc, verre… Le prix des matières premières ne cesse d’augmenter, de même que les délais de livraison. Pour certains produits, c’est carrément la pénurie : le PVC, le bois ou les semi-conducteurs viennent à manquer.
Cette situation touche de nombreux secteurs : le bâtiment, l’industrie lourde (automobile) mais aussi l’agroalimentaire. Selon la Fédération française du Bâtiment, les matériaux de construction ont subi une augmentation de 15 % à 25 % en un an. Le prix du fer à béton a été multiplié par trois. D’après une enquête de la Capeb auprès de 1700 entreprises (3), toutes les filières artisanales du BTP sont impactées. Conséquences : des devis revus à la hausse pour leurs clients. Pour autant, toutes les sociétés ne répercutent pas la totalité des augmentations qu’elles subissent, par peur de devoir faire une croix sur certains chantiers.
Face à ces hausses, des solutions existent pour minimiser leur impact. Pour les particuliers, cela passe par des changements d’habitudes de consommation. Quant aux placements d’assurance vie, ils apparaissent comme des valeurs refuges. À condition toutefois de prendre les bonnes décisions d’investissement (voir l’interview ci-dessous).
(1) INSEE - Indice des prix à la consommation - Résultats définitifs (IPC), août 2022, publiés le 15/09/22.
(2) « Suivre l’évolution des prix des produits de grande consommation en tous circuits ». Synthèse Août
2022 - IRI France, filiale d’IRI (Information Resources inc.).
(3) CAPEB = Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.Étude CAPEB/Xerfi juillet 2022.
7 SOLUTIONS POUR DÉPENSER MOINS
Énergie, logement, courses… Voici quelques réflexes à adopter pour faire des économies.
Analyser ses dépenses et chasser le superflu
Faites le point sur vos entrées et sorties d’argent. Utilisez une application de gestion de budget pour y voir plus clair. Téléphone, Internet, télévision à la demande… Cumulés, ces services coûtent cher. Faites le tri et résiliez les options inutiles.
Réduire les frais liés au logement
Si vous êtes propriétaire, renégociez votre crédit afin d’alléger vos mensualités avant que les taux remontent. Pensez également à votre assurance emprunteur de prêt immobilier : vous pouvez en changer dès la première année. Certains assureurs proposent des tarifs très attractifs.
Limiter les dépenses d’énergie
Quelques gestes vous aideront à réduire votre consommation : ne pas surchauffer son logement (19° C pour le séjour), débrancher les appareils en veille, entretenir ses appareils électroménagers, investir dans des équipements à basse consommation…
Isoler son habitation
Le dispositif Ma Prime Rénov’ permet de financer des travaux de rénovation énergétique. Le guichet unique France Rénov’ vous aide à accomplir les démarches. Certaines mutuelles proposent même des prêts à taux 0 (sous conditions).
Planifier ses dépenses alimentaires
Avant de faire vos courses, établissez une liste et programmez des menus pour la semaine. Comparez les prix au kilo et traquez les promotions. Pensez aux applications anti-gaspillage. Certains commerçants proposent des paniers d’invendus à prix cassés.
Optimiser ses déplacements
Comparez les trajets en voiture et en transport en commun. Adoptez une conduite économe en réduisant vos accélérations et freinages. Étudiez la possibilité du covoiturage et la location de votre véhicule pour générer des revenus.
Favoriser « la seconde main »
Triez et revendez les affaires dont vous n’avez plus besoin. Optez pour la seconde main ou la location entre particuliers pour faire des économies.
ASSURANCE VIE
« INVESTIR SUR LES ACTIONS EN PÉRIODE DE CRISE EST UNE OPPORTUNITÉ »
La guerre en Ukraine, la pandémie, l’inflation… toutes ces crises engendrent une forte volatilité des marchés financiers. Paradoxalement, ce contexte économique incertain peut être une aubaine pour investir.
« Au milieu de toute crise se trouve une grande opportunité », disait Albert Einstein. C’est une pensée partagée par Yves Graufogel, spécialiste épargne. Pour lui, les crises se succèdent.
Pourquoi investir en temps de crise peut-il être une chance ?
YVES GRAUFOGEL, spécialiste épargne : Lorsque les prix des actions s’effondrent, tout le monde a légitimement peur. Et pourtant, c’est là qu’il peut être opportun d’investir, car le prix des actions peut être parfois anormalement bas par rapport à la valeur économique des entreprises. Le plus important est le moment où l’on investit. Et malheureusement, les particuliers investissent le plus lorsque les prix atteignent leur point le plus haut. C’est trop tard. Il est tout à fait possible que ces personnes ne récupèrent jamais leur épargne. Il vaut mieux investir dans une phase de baisse. Il faut essayer d’être rationnel et de dépasser le climat anxiogène car après la baisse, et toutes les crises l’ont prouvé jusqu’à aujourd’hui, vient le temps du rebond !
Quels sont vos conseils d’investissement ?
Y. G. : Il faut investir régulièrement, en plusieurs fois, et diversifier ses placements au maximum. Cela diminue les variations de prix et donc le niveau de risque. Cela évite aussi de se demander quel est le moment le plus opportun pour investir et on ne le sait jamais vraiment.
Quels sont les placements intéressants ?
Y. G. : Les placements immobiliers offrent de la diversification. Celle-ci peut être géographique en achetant des biens dans différents pays européens, ou liée à la nature des biens achetés (immobilier résidentiel et de bureau, commerces, entrepôt de commerces, etc.). L’assurance vie est également intéressante. Elle permet de réaliser de nombreux placements financiers (dont l’immobilier) et elle offre une fiscalité avantageuse sur le long terme. Lorsqu’un contrat a plus de huit ans, il y a un abattement ou une exemption de fiscalité (1) sur les plus-values (lorsque des placements sont récupérés en plus-value). Enfin, les placements flexibles permettent d’optimiser dans le temps l’exposition aux actions, obligations et produits monétaires, en fonction de la conjoncture et des opportunités de marché.
Qu’est-ce qu’il ne faut surtout pas faire ?
Y. G. : Gare aux décisions hâtives basées sur les émotions. La peur peut nous conduire à tout revendre avec une moins-value en se disant qu’il faut réinvestir plus tard quand la situation s’est améliorée. Il faut s’interroger : revend-on un placement car on va avoir besoin de fonds ou uniquement car le placement baisse ? Si la décision est prise uniquement car le placement baisse, cela peut être dommageable car la moins-value va se concrétiser, alors que la situation peut s’améliorer dans le futur. L’investissement sur les marchés actions est toujours une affaire de long terme car la création de valeur économique d’une entreprise se révèle mieux sur le long terme.